Voici, pour notre information à tous, un article recueilli par notre trésorier.
18 jours avant la fin des quotas :
atterrir sur les marchés !
Avec plus de 500 participants, c’est à nouveau « à guichets fermés » que c’est, cette année, déroulée cette manifestation de deux jours. Les organisateurs avaient été contraints, ces dernières semaines, de refuser bon nombre de participants …
Les principaux Sponsors (financiers !) de cette manifestation : Rentenbank / GEA / Tetra Pak / EEX / Elanco / Arla / DMK / Müller / Frischli / Apollo / BMI / Milchwerk egenberger / Hochwald / Uelzena / Karl Köllner GmbH (assurances), Veolia, Bosch ainsi qu’un certain nombre d’organismes laitiers des Länder (Mecklenburg-Vorpommern, Niedersachsen, Brandenburg, Nordrhein-Westfalen, MLUA Oranienburg, …).
La prochaine édition de cette manifestation aura lieu les 10-11.03.2016.
La première demi-journée fut, selon une tradition maintenant bien établie, consacrée à un thème spécifique, à savoir « Happy Cows, Happy Farmers : les conditions d’une production laitière moderne ». Elle fut suivie d’une réception et d’un dîner au cours duquel est intervenu Christian Schmidt, Ministre fédéral de l’Alimentation & de l’Agriculture (CSU).
Introduite par Udo Folgart, Vice-Président du DBV en charge –entre autres- du lait, elle fut animée par Björn Börgemann, en charge des relations publiques & de la presse au MIV. Y sont successivement intervenus :
- Katharina Kluge, en charge du Dossier bien-être animal au Ministère fédéral de l’Alimentation & de l’Agriculture
- Alfons Kerfeld, Président du Conseil de Surveillance du Groupe coopératif DMK (premier transformateur laitier allemand)
-Alexander Neubacher, Rédacteur au Spiegel (n°1 des Hebdomadaires en Allemagne)
- Leif Koch, en charge de la communication politique de l’ONG Weltierschutzgesellschaft
- Judith Siebers, agricultrice
Principaux points à retenir de l’après-midi « Happy Cows, Happy Farmers : les conditions d’une production laitière moderne » :
Comme l’ont montré, si nécessaire, les manifestations de rues à Berlin durant la Semaine Verte il y a quelques semaines « les vaches laitières et leur bien-être » sont à présent instrumentalisés en Allemagne sous la houlette de l’activisme de quelques ONG et trouvent régulièrement écho dans la presse, écrite et télévisée.
Le Responsable de l’Hebdomadaire Der Spiegel n’a pas hésité à expliquer que « journalistes & consommateurs comprennent de moins en moins l’agriculture avec, en toile de fond, une tendance pour un nombre croissant de personnes à faire de l’alimentation –au sens activité de se nourrir- une religion remplaçant ce qui, jusqu’à présent, tenait lieu de religions ». On comprend que l’on continuera de mourir … mais, tant qu’à faire, que ce soit « en bonne santé » et la conscience tranquille. D’où la question : « que fait de moi mon alimentation ? ». Le fait que le marketing d’une bonne partie des produits agricoles & alimentaires véhicule toujours encore une image surannée, voire romantique, de l’agriculture et de l’élevage ajoute évidemment à la confusion et aux incompréhensions. Il ne sert à rien de faire des procès d’intention à la Presse, il est par contre utile de s’entretenir ouvertement avec elle, de lui faire visiter exploitations et ateliers de transformation de répondre à ses questions … et à lui en poser ! Et, en tant que secteur économique, d’occuper le terrain de la communication institutionnelle, mais en communiquant sur la réalité de terrain et non pas sur des items passéistes.
La Responsable du Ministère fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture a expliqué que, contrairement à d’autres secteurs de la production agricole en général, de l’élevage en particulier, le secteur laitier ne fait pas l’objet de stipulations réglementaires précises en matière de bien-être des animaux. Plus qu’ailleurs, l’initiative est laissée aux producteurs (et à leurs organisations) pour mettre en œuvre des pratiques qui concourent à ce que les principes fondamentaux du bien-être des vaches soient respectés : le Ministère considère que cela représente un défi mais aussi une chance pour la profession. Ceci étant, sur un certain nombre de points jugés sensibles (écornage, entravement, sort des veaux nouveaux-nés en particulier de sexe mâle, antibiotiques, …) des consultations sont en cours avec les organisations professionnelles et les organismes jugés représentatifs de la société civile et/ou de l’opinion publique.
Pour la productrice présente sur le podium (800 vaches laitières / 55.000 poulets / 13 salariés) la santé et le bien-être des animaux est la priorité puisqu’elle influe directement la performance économique de l’exploitation : « quand elles vont bien les vaches produisent plus de lait et un meilleur lait ». Là où le pâturage est possible, tant mieux. Là où il ne l’est pas ce n’est pas un problème, le confort des étables étant alors le facteur déterminant avec la qualité et la régularité de l’alimentation. Et l’on constate que là où elles ont le choix (étables dites ouvertes) les vaches ne passent généralement pas plus de 30 à 40% du temps dehors.
Pour l’ONG Welttierschutzgesellschaft (60000 cotisants / Secrétariat permanent de 12 personnes) les critères de réussite d’une production laitière moderne adaptée au monde d’aujourd’hui sont à la fois de nature économique, sociale, environnementale et de bien-être des animaux. Dans ce dernier domaine, l’ONG –qui porte un intérêt particulier aux vaches laitières- fustige l’entravement des animaux quand il est permanent, certaines pratiques d’écornage, la recherche de rendements laitiers croissants –en particulier via une alimentation trop riche- qui pèse sur le bien-être des vaches et en raccourcit la vie. L’organisation milite en outre pour que, dans toutes les situations où c’est possible, les vaches puissent aller ou avoir le choix d’aller au pâturage.
Pour le Dirigeant de DMK, durabilité en général, bien-être des vaches laitières en particulier ne sont pas des problèmes pour les producteurs mais, au contraire, des facteurs-clefs de leur réussite économique.
Points communs à tous les intervenants, soulignés à plusieurs reprises dans le débat avec la salle :
- la qualité du bien-être animal n’est d’aucune façon automatiquement inversement proportionnelle à la taille de l’exploitation … au contraire : la qualité du management du troupeau augmente généralement avec la taille du troupeau.
- le secteur professionnel laitier doit devenir pro-actif, de façon coordonnée, en matière de communication sur le thème du bien-être des vaches laitières.
NDLR : pour les plus branchés d’entre vous … vous pourrez retrouver ce dossier aux Journées énergisantes 2015 du BTPL des 19 & 20 novembre à Saint-Etienne « Comment concilier rentabilité, bien-être de l’éleveur et confort de l’animal » !
Principaux points à retenir de l’intervention du Ministre fédéral de l’Alimentation & de l’Agriculture :
- le « courant » passe bien avec le nouveau Commissaire Phil Horgan, en particulier pour démanteler « la bureaucratie qui oppresse les producteurs agricoles européens » (NDLR : comme il était réputé être bien passé -jusqu’à récemment- entre l’ex-Commissaire Dacian Ciolos et « la France »)
- il y a 31 ans le concept de maîtrise de la production promu par les professionnels et les pouvoirs publics allemands (contre l’avis de la France) était le bon : depuis, il a « déçu » … et, en tout cas, n’a pas tenu ses promesses dans un environnement qui, lui, a bien changé : qui aurait, à l’époque, prédit que les moins de 20% de producteurs allemands ayant survécu aux quotas produisent plus de lait que les 100% présents il y a 31 ans, et ce à présent « au prix mondial » …
- « quand l’intervention de l’Etat remplace le jeu des marchés cela ne marche pas » (NDLR : salves d’applaudissements d’un public largement composé de producteurs de lait, y compris de Représentants du BDM qui ne se sont pas privés d’intervenir dans les différents débats)
- les pouvoirs publics européens, fédéraux & des Länder ne doivent intervenir que dans les situations de marchés « extrêmes ».
Introduite par Karl-Heinz Engel, Président du MIV (DG du Groupe coopératif Hochwald) et conclue par Udo Folgart, la seconde journée s’est articulée autour de sept interventions :
- Quotas : un coup d’œil en arrière / Werner Rüther, Directeur de l’Association laitière de Niedersachsen
- Les marchés laitiers après la disparition des quotas / Monika Wohlfarth, ZMB
- L’économie allemande dans un monde « multilatéralisé » / Felix Neugart, Chambre de Commerce & d’Industrie
- Que peut apprendre le secteur laitier de l’expérience du secteur des céréales en matière d’achats à terme / Robert Theis, Agent commercial & boursier
- Mon exploitation post-quotas / Richard Reiss, Agriculteur
- Ma laiterie post-quotas / Hans Holtorf, DG Frischli
- L’économie laitière européenne dans la concurrence internationale / Jack F. Baines, Président d’Eucolait.
Dans son allocution introductive K.-H. Engel a estimé qu’après 31 ans de quotas (qui auront duré presque aussi longtemps que la RDA -40 ans- n’a-t-il pu s’empêcher d’ajouter !), l’année 2015 est réputée devoir être intéressante après deux années, 2013 & 2014, exceptionnelles, de l’avis de tous. A présent le vrai défi est celui de la gestion de la volatilité, en amont pour les intrants, au niveau du prix du lait en aval. Il a une nouvelle fois fustigé « les gens et les organismes » qui continuent d’évoquer, pour la production laitière, catastrophes ou tsunamis, ce qui dénature totalement la réalité et est contraire aux intérêts des producteurs : « pour qui roulent ces gens ? » a-t-il conclu …
Quotas : un coup d’œil en arrière : Les quotas n’ont, en Allemagne, d’aucune façon, permis un ralentissement de la diminution du nombre de producteurs laitiers : le rythme de cette diminution fut de 27% pour la décennie 1955-1965, de 43% pour 1965-1975, de 37% pour 1975-1985, de 44% pour 1985-1995, de 46% pour 1995-2005, de 30% pour 2005-20014 ! Ils n’ont pas non plus permis, dans la durée, de mettre en œuvre une politique dynamique de prix comme en rêvait le Ministre fédéral de l’Agriculture d’alors, le bavarois Kiechle. Ceci étant, à l’époque, ce fut sans doute, ponctuellement, après l’échec de toutes les autres tentatives –dont la taxe de coresponsabilité conçue en 1977- de brider une production laitière qui explosait sans rapport avec ce qu’était alors l’évolution des marchés … la « moins mauvaise des solutions ». L’erreur a été de prolonger, à plusieurs reprises (de 4 ans jusqu’en mars 1993, puis de 7 ans jusqu’en mars 2000, puis de 8 ans jusqu’en mars 2008 et enfin de 7 ans jusqu’en mars 2015) le dispositif, au-delà des 5 années initialement prévues alors que la situation mondiale elle, ne cessait d’évoluer, et cela de plus en plus rapidement. Ceci étant, il aura quand même aussi fallu 8 années de débats internes au DBV pour que celui-ci se déclare clairement, le 29.06.2007 (Congrès de Bamberg), en faveur d’une disparition « programmée 5 ans à l’avance » des quotas. Durant les 31 années de quotas les producteurs allemands auront versé à Bruxelles 1.9 milliards€ au titre du super-prélèvement et les travaux qui ont été menés pour évaluer le surcoût global qu’ont imposé ces 31 années de quotas à la filière, en incluant les coûts de gestion publique et privée du dispositif, aboutissent, pour la seule Allemagne à … 15 milliards€ ! Il était temps « d’arrêter la machine qui « offrait sur un plateau » la demande mondiale à nos concurrents nord-américains et de l’hémisphère sud alors que l’Europe est, globalement, la mieux placée pour produire du lait durable » …
Les marchés laitiers après la disparition des quotas : l’inoxydable Monika Wohlfarth a rappelé qu’en 2014 la production laitière a atteint des records en Allemagne (31.4 Mt, +3.5%), dans l’UE (+4.6%, la précédente augmentation annuelle la plus élevée ayant été, avec 3.5%, l’année 1983 où tout le monde voulait -dans l’UE d’alors- se positionner pour la ligne de départ des quotas !) et dans le monde (+ 20 Mt). Depuis le début de l’année 2015 on note un net ralentissement de la production à l’exception de la Pologne qui se dirige vers un fort dépassement de son quota pour la dernière année d’existence de celui-ci. Sur les marchés internationaux les importations chinoises n’ont cessé de progresser depuis 2009 (passant de 288.000 t à plus de 400.000 t) y compris pour le beurre et les fromages, mais sont, depuis le début 2015 orientées à la baisse, restant quand même au niveau de 2013 ! Pour ce qui est de la Russie, ZMB estime que depuis l’embargo d’août dernier par rapport à la même période de l’année précédente la Russie a diminué ses importations de 81.000 t pour les fromages, de 27.000 t pour le lep et de 12.000 t pour le beurre, le Belarus, l’Argentine et … l’Ukraine voyant leurs exportations y augmenter. Pour l’Allemagne, la perte de 50% enregistrée pour les exportations de fromages a été compensée essentiellement par la Corée du Sud, les Etats-Unis, le Japon, l’Egypte, l’Algérie, le Belarus le Maroc, les Emirats et l’Afrique du Sud. Et la baisse de l’€ qu’implique la politique de la Banque Centrale Européenne (BCE) -sous la houlette de l’italien Dragi- qui a, par ailleurs, de fâcheuses conséquences, est favorable aux exportations. Pour ce qui est du marché UE en général, allemand en particulier, il « frémit » actuellement avec de légères orientations à la hausse dans le hard-discount pour les fromages et, plus surprenant, le beurre … Pour l’avenir, on notera que moins de 3% de la production laitière mondiale seront soumis à une maîtrise administrative de la production dès le mois prochain (Canada, Israël, Japon, Norvège) contre près de 30% jusqu’à présent. On notera aussi que de 2000 à 2014 la Nouvelle-Zélande a, en moyenne, augmenté sa production de 3.7% /an avec des évolutions en dents de scie, les Etats-Unis de 1.5% mais là de façon régulière. ZMB note que concernant l’avenir l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark et plus encore l’Irlande s’équipent pour traiter plus de lait, la France, second producteur de l’UE se singularise, elle, en matière de relations « producteurs-transformateurs » par la mise en œuvre de contrats à +/- 5 ans comportant des notions de quantités, voire de prix A/B. Globalement, la production laitière européenne va continuer d’augmenter et les transformateurs d’investir pour la traiter, le principal défi étant de gérer la volatilité au niveau de l’ensemble de la filière et non pas d’en concentrer les effets sur un seul maillon de celle-ci.
L’économie allemande dans un monde multilatéralisé : l’Allemagne est, de loin, tous secteurs économiques confondus, le champion mondial des exportations qui pèsent 50% de son PIB (contre 28% pour la France et moins de 20% pour le Japon !). Les exportations allemandes sont également très diversifiées au niveau géographique : le plus gros client, en l’occurrence la France, n’en pèse que 9.6% (alors que pour les Etats-Unis, par exemple, le Canada pèse près de 20%). L’intervenant a estimé que l’UE, emmenée par l’Allemagne, doit être pro-active en matière de négociations commerciales internationales, que ce soit au niveau multilatéral –bloqué ces temps-ci !-, régional ou bilatéral : dans ce domaine, on ne peut se reposer sur ses lauriers au risque de voir les autres prendre votre place. Si le TTIP venait à être conclu (ce sera long car on en est encore à un niveau très préliminaire) il concernerait 40% du PIB mondial, 30% du commerce mondial et près de 12% de la population mondiale).
Que peut apprendre le secteur laitier de l’expérience du secteur des céréales en matière d’achats à terme ? Plus de Conférence ou de Séminaire dans la lactosphère européenne sans que le sujet des marchés à termes ne figure à l’ordre du jour, plus encore que celui d’éventuels dispositifs assuranciels des marges. Pour l’intervenant les acteurs de l’économie laitière ont encore un « sacré bout de chemin à faire » pour aborder sereinement la problématique. Pour lui, la toute première condition est que lesdits acteurs mettent de côté leurs « émotions » politiques, syndicales, sociales ! Les dispositifs dont il est question n’ont aucunement pour objectif de maximiser le résultat économique, la marge de l’opérateur concerné : ils sont faits pour diminuer les conséquences de la volatilité … lorsque, et seulement lorsque, l’opérateur en question décide de s’en servir. Pour le reste, savoir qui des producteurs (quand ils sont « gros »), de structures les regroupant, ou des transformateurs (coopératifs ou privés) pourrait ou devrait inclure cet outil, parmi d’autres, dans la conduite de son business … c’est ouvert ! Cet outil, avec ses trois composantes « prix-localisation-moment déterminé » se positionne au cœur de la gestion de l’interface offre-demande : « la structure des filières laitières, la nature de la relation producteurs-transformateurs ne doivent pas préempter un effort d’intelligence pour comprendre ce dont il s’agit ». Si producteurs et transformateurs laitiers sont capables, lorsqu’ils y voient un intérêt, à pratiquer les achats à terme pour leurs amonts (intrants de leur activité) pourquoi s’en priveraient-ils, a priori, pour leur aval ? Au cours du débat nourri qui a suivi sa présentation l’intervenant a indiqué que son expérience des autres secteurs de la production agricole le conduit à penser qu’aujourd’hui en Europe « un producteur qui ne gère pas un cheptel d’au moins 200 vaches n’a pas d’avenir économique ». Et de conclure que la problématique devrait progressivement se décanter puisqu’on aura de plus en plus de lait et de moins en moins de producteurs. NDLR : remous dans la salle …
Mon exploitation post-quotas : Richard Reiss qui dirige dans l’ex-RDA une exploitation « pluri-familiale » de 1150 vaches laitières (sur 2000
ha dont 1600 en location) -dont le lait va au Groupe coopératif DMK- a expliqué que l’exploitation est, en fait, sortie des quotas il y a cinq ans, en rachetant systématiquement, aussi longtemps que cela a été possible, du droit à produire afin d’être « bien placée » sur la ligne de départ de l’après-quotas. Les marges dégagées ne sont pas distribuées mais systématiquement réinvesties : l’investissement / place dans l’étable s’établit présentement à 7000€. La méga-exploitation est indépendante en matière d’énergie. Tous les efforts visent à améliorer encore :
- le niveau technologique de la production laitière
- le bien-être des vaches (et leur longévité) … et pareil pour les personnes qui travaillent sur l’exploitation
- les procédures de contrôles et la gestion des risques
Conclusion formulée par ce producteur de lait à l’adresse de ses collègues : « Lieferst Du noch oder verkaufst Du schon Milch ? » (NDLR : « Livres-tu encore le lait ou bien le vends-tu déjà ? »)
Ma laiterie post-quotas : le Dirigeant du Groupe privé Frischli (créé en 1901) -par ailleurs Vice-Président du MIV- qui transforme près de 850 millions de litres de lait sur trois Sites industriels estime, sur la base des indications qui lui ont été fournies par les 1330 producteurs livrant à l’entreprise, qu’il en transformera près de 1.1 milliard de litres dans six ans, en 2021. La matière première lait pèse 50 à 70% du c.a. de l’entreprise. L’export, lui, ne pèse actuellement que 10% du c.a. de l’entreprise mais a vocation à se développer fortement. L’avenir est plutôt prévu en termes d’alliances que de fusions-acquisitions.
L’économie laitière européenne dans la concurrence internationale : dans un allemand impeccable le belge Jack F. Baines, PDG de la société de négoce du même nom à Antwerpen et Président d’Eucolait (500 membres dans 16 Etats-membres de l’UE & des membres associés aux Etats-Unis, au Japon et en Nouvelle-Zélande) a, malgré le « LSS » (Last Speaker Syndrom) présenté une série d’intéressantes images ppt détaillant les parts des uns et des autres
dans le commerce international des produits laitiers, respectivement en 2007 et 2014. Durant cette période, la consommation / habitant a, au niveau mondial, diminué de 11% en termes d’équivalents-lait alors que la demande globale ne cesse d’augmenter. La part de l’UE est passée de 34% à 32.7%, celle de la Nouvelle-Zélande de 33.1% à 33.7% (avec une domination pour le beurre, le butteroil, la poudre grasse), celle des USA de 17% à 21.8% et celle de l’Australie de 10% à 5.8%. Devant « l’activisme promotionnel » des Etats-Unis (USDEC qui, à côté de l’animation de son Site Web, organise –entre autres- une grande Conférence de promotion des produits laitiers US à Singapour les 16 & 17 avril prochain) et de la Nouvelle-Zélande (« Pure as New-Zealand »), le Président d’Eucolait s’est réjoui de ce qu’à compter de décembre prochain les fonds européens disponibles pour la promotion des produits alimentaires de l’UE-28 sur les marchés tiers seront multipliés par trois pour dépasser 200 M€ … tout en regrettant qu’à ce stade il n’y ait pas de projet laitier européen d’envergure et que la Commission soit engoncée dans une grande passivité en la matière … Suite à une remarque soulignant que les « agissements » de M. Dragi (BCE) qui ont pour conséquence une baisse de la valeur de l’€ sont susceptibles de plus aider les exportations que des activités de promotion, Jack F. Baines a expliqué que sur les marchés émergents et nouveaux consommateurs de produits laitiers il faut asseoir le haut niveau de la qualité des produits laitiers européens … En conclusion il a présenté un vibrant panégyrique du négoce européen des produits laitiers qui a déjà largement fait ses preuves sur les marchés internationaux à une époque où, le développement passant par l’export pays tiers, « tous les transformateurs se découvrent une vocation exportatrice » sans se demander si ce ne serait pas mieux fait par d’autres pour leur compte … Une documentation institutionnelle visant à mettre en avant le savoir-faire du Négoce européen des produits laitiers est en voie d’achèvement dans le cadre d’Eucolait et commencera à être diffusée très prochainement.
NDLR : dans les couloirs et durant les pauses de cet événement de nombreux thèmes d’actualité étaient bien sûr évoqués, au premier rang desquels le paiement à venir du super-prélèvement (estimé à +/- 1 milliard€ par la Commission UE, somme qui n’était pas incluse dans les prévisions budgétaires de celle-ci) au titre de la Campagne sur le point de s’achever, la dernière de l’ère quotas alors qu’il est question de « soft-landing » depuis des années … On ne peut que regretter la position figée des Pouvoirs Publics des Etats-membres qui ne sont pas en situation de dépassement était, sur ce thème, le leitmotiv à Berlin. Y compris dans le cadre du projet de permettre, éventuellement, un échelonnement du paiement sur trois ans …
Philippe Jachnik
14.03.2015