Pour l'information de tous, notre trésorier nous propose cet article de M. Philippe Jachnik, daté du 22 janvier 2013. M. Jachnik est Consultant international en économie et politique laitière et conseiller du Directeur général du Centre national interprofessionnel de l'économie laitière. Son article nous présente un compte rendu des interventions faites à Berlin lors de la Grüne Woche par les hauts responsables de l'industrie laitière outre-Rhin.
L’EDITION 2013 DE LA SEMAINE VERTE
(18-27.01.2013)
ET LES LAITIERS ...
QUE RETENIR DES TROIS RENDEZ-VOUS LAITIERS ?
CELUI DU DBV (Deutscher Bauernverband)
CEUX DU MIV (Milchundustrie-Verband)
Dans
le cadre d’une tradition maintenant bien établie, les organisations allemandes
de la production (DBV) et de la transformation (MIV) laitières ont organisé à
Berlin leurs premiers grands rendez-vous de l’année. Parmi les autres à venir,
on peut d’ores et déjà noter :
-
le Berliner MilchForum organisé conjointement par ces deux organisations et la
Fédération des Coopératives (DRV) et celle des Chambres d’Agriculture (DLG) /
14-15.03.2013, Berlin.
-
l’édition 2013 de l’Anuga (en alternance avec le SIAL) / 05-09.10.2013, Köln.
-
l’édition 2013 de la Convention Annuelle du MIV / 17-18.10.2013,
Frankfurt/Main.
En
outre, à l’invitation du MIV, c’est également en Allemagne qu’aura lieu
l’édition 2013 du World Dairy Forum d’EDA (26-28.09.2013, Köln).
Mais
le second jour de cet évènement qui, au-delà d’être un Salon de l’Agriculture
est un immense « rendez-vous populaire à la gloire du manger et du
boire » (1.500 exposants sur plus de 50.000 mètres carrés / 500.000
visiteurs estimés dont 80% de « grand public ») a, par ailleurs, été
le théâtre d’une manifestation de rues de plus de 25.000 participants,
regroupés sous diverses bannières, pour condamner les « pratiques
actuelles de l’agriculture et de l’industrie alimentaire » et demander
leur remplacement par des approches et des politiques « responsables et
durables ». On a, à cette occasion, eu la confirmation de ce que les
organisations qui militent en faveur du bien-être animal ont obtenu –sous la
menace de voir l’édition d’octobre prochain quotidiennement et gravement
perturbée- que les foies gras soient interdits de cité cette année à l’ANUGA,
malgré les protestations que l’on imagine des producteurs, pour l’essentiel
français.
Les
laitiers présents à Berlin ces jours-ci avaient, eux, parmi leurs sujets de
discussion et de préoccupation, la communication à venir au JOCE (Journal Officiel
de l’UE), dans les mois à venir, d’un Avis de la Commission UE –avec invitation
à présenter des observations- dans la série « Procédures relatives à la
mise en œuvre de la politique de concurrence », l’Allemagne agricole étant
le troisième Etat-membre examiné (après l’Autriche et la France –pour cette
dernière voir JOCE du 22.11.2012 concernant « Taxe au profit de
l’établissement national des produits de l’agriculture et de la mer
FranceAgrimer), avec pour toile de fond la non-notification à Bruxelles d’un
certain nombre de pratiques. En l’occurrence, parmi ce qui sera contesté en Allemagne
–au niveau de certains Länder plus précisément- on devrait trouver les aides
publiques (existant depuis la fin de la seconde Guerre mondiale dans au moins
huit des seize actuels Länder) au contrôle de la qualité du lait, aux
dispositifs de lait dans les écoles ainsi que le financement à 80% de VDM (qui
remplit entre autres les fonctions de « FIL-Allemagne » !). Et,
dans une moindre mesure, les aides publiques au fonctionnement des cotations de
Kempten et de Hanover. Avec, à la clef, la perspective d’avoir à rembourser, avec
intérêts, les sommes concernées durant les dix dernières années (depuis 2001).
Dans un pays où la « CVO » a disparu car son utilisation pour
financer la CMA (Organisme de promotion collective sur le marché intérieur et à
l’exportation liquidé il y a quelques années) et ZMP (remplacée depuis par ZMB
qui fonctionne dans le giron du MIV) a été jugée contraire à la Constitution,
ce dossier est pris très au sérieux … Ceci étant, lors de l’un des débats, un
Responsable professionnel s’étant ému de ce que les laitiers allemands ne
bénéficient plus, du fait de l’absence de structures et de possibilités de
financements complémentaires nationaux, des fonds de promotion de Bruxelles
« contrairement, en particulier, aux laitiers français » il lui a été
répondu par un autre que la Laiterie Allemagne n’a jamais autant exporté que
« depuis que ses opérateurs laitiers se sont eux-mêmes sérieusement mis à
l’exportation » sans compter sur « une promotion venue d’ailleurs »
… Ambiance !
LE RENDEZ-VOUS DU DBV (21.01.2013)
Sous
la houlette de son Président Joachim Rukwied et de son Vice-Président –en
charge du secteur laitier- Udo Folgart, le DBV avait donné rendez-vous à ses
troupes (laitières !) à l’ICC (Internationales Congress Centrum) jouxtant
le Salon sur le thème « Damit wir auch morgen noch melken können !
Forderungen der Milcherzeuger an eine nachhaltig ausgerichtete
Milchpolitik » (Afin que nous soyons encore en mesure de traire
demain ! Les besoins des producteurs dans le cadre d’une politique
laitière orientée vers la durabilité).
-
Martin Häusling, Parlementaire européen, Porte-Parole des Verts (Ecologistes)
-
Harald von Witzke, Professeur à l’Université Humbolt (Berlin)
-
Heinz Korte, Président DBV du Land Niedersachsen
Le
tout suivi d’une heure de débats …
Parmi
les points d’accord « avec les Français » :
-
sans élevage il n’y a d’avenir ni pour l’agriculture allemande, ni pour
l’agriculture française
-
devant la stagnation de la demande en Europe, il faut créer un cadre aussi
favorable que faire se peut à l’exportation des produits agricoles et
alimentaires
-
il faut des politiques spécifiques aux régions dites défavorisées
-
« de façon globale, approches réputées proches sur la PAC et le
Budget » (NDLR : ?)
Par
contre les choses se compliquent en matière de :
-
« verdissement de la PAC » (greening), le DBV exigeant que
l’intégralité des terres agricoles puissent continuer d’être exploitées
(regrettant au passage que le découplage des aides directes réalisé en
Allemagne ne le soit pas encore en France)
-
nature du « filet de sécurité », en particulier dans le secteur
laitier : pour le DBV et l’actuel Gouvernement allemand (les prochaines
élections générales pouvant, le cas échéant, conduire à un changement de
majorité au niveau fédéral qui ne serait pas sans conséquence en agriculture -car
le Parti qui est le plus en progression depuis deux ans aux quatre coins de
l’Allemagne est celui des Verts- auront lieu le 22 septembre prochain) ce filet
ne relève d’aucune façon d’une gestion des marchés. Il ne serait mis en œuvre
que dans des conditions d’effondrement des marchés et dans des conditions bien
précises … Pas pour participer, même à la marge, à la gestion des marchés comme
semblent le souhaiter certains français …
-
et, surtout, d’éventuelle mise en place d’une version « soft » de la
maîtrise de la production laitière telle que prônée par certains au Parlement
Européen (Dantin) et … en France. Le DBV y est, sur la base de 30 ans
d’expérience des quotas, « totalement et fondamentalement »
opposé .
En
conclusion de cette partie de son intervention, le Président du DBV a souhaité
que « sur le lait, professionnels allemands et français travaillent à
rapprocher leur position ».
Pour
le reste, il a surtout expliqué que la façon dont une large partie de l’opinion
publique traite l’agriculture et les agriculteurs est
« inacceptable », « même s’il faut reconnaître que certaines
pratiques, en particulier en élevage, puissent être remises en question … »
Prenant
le relais, le Vice-Président Udo Folgart a présenté l’actuel « catalogue
laitier » du DBV, soulignant néanmoins en préambule que la solution de
beaucoup de problèmes, et non des moindres, est en fait entre les mains des
acteurs du secteur lui-même. Points essentiels de ce catalogue, en ce début
2013 et à 9 mois des élections au niveau fédéral :
-
la politique à venir doit notablement renforcer
l’envoi
de signaux encourageants aux « producteurs entrepreneurs »,
le
soutien aux opérateurs laitiers en matière d’exportation,
le
soutien aux efforts de recherche & de développement
-
la politique ne doit en rien entraver les efforts des opérateurs pour renforcer
leur compétitivité de façon à pouvoir prendre leur part des marchés en développement.
-
il faut dès à présent totalement refuser la réintroduction d’une version soft
de la maitrise qui viendrait anéantir tous les efforts de recherche de
compétitivité déjà faits.
-
la politique doit encourager les investissements au niveau des exploitations, y
compris en matière de mise aux normes (subventions)
-
la politique doit tenir compte de ce que l’activité laitière contribue déjà
puissamment au « greening » de la PAC via l’élevage à l’herbe. Les
objectifs doivent être fixés régionalement et non pas individuellement par
exploitation.
-
la politique doit tenir compte de ce que la production laitière est largement
le fait de régions défavorisées
-
la politique doit contribuer à rétablir l’image totalement déformée largement
répandue dans l’opinion publique concernant le respect / le non-respect du
bien-être animal dans l’élevage en général, en production laitière en
particulier
-
la politique doit prendre en compte que l’avenir de la production passe par un
accroissement de la productivité et de l’efficience respectueux de
l’environnement et non pas par un retour à l’extensification.
Pour
le Secrétaire d’Etat à l’agriculture, Peter Bleser « les quotas laitiers
n’ont pas aidé les producteurs de lait ». Lui-même producteur de lait il dit
« je pourrai aujourd’hui avoir deux Mercedes dans la cour de mon
exploitation si j’avais pu conserver les sommes que j’ai dépensées pour cause
de quotas en trente ans » (applaudissements dans la salle !). Pour le
reste, il a souligné que :
-
l’augmentation de la demande alimentaire mondiale est une chance à saisir, pas
un problème : il faut valoriser sur les marchés internationaux nos atouts
en matière de santé animale et de durabilité environnementale
-
saisir cette chance ne peut pas se faire via un interventionnisme public sur
les marchés : la preuve est plus que faite, et pas seulement dans le
secteur laitier, que l’Etat ne peut pas gérer les marchés qui évoluent au
quotidien
-
compte tenu du poids croissant de l’exportation et, au sein de celle-ci, de la
grande exportation, il faut trouver les moyens d’organiser enfin une
coordination du soutien aux exportations apporté actuellement par les Länder
ou, du moins, certains d’entre eux (NDLR : tiens, ne reparlerait-on pas de
promotion ?)
Le
Député européen Vert Martin Häusling, lui-même également producteur de lait
(ventes directes) dans le Nord de l’Allemagne est apparu très décontracté, sans
doute pour partie du fait des bons résultats électoraux de sa formation
politique depuis deux ans, et singulièrement lors des élections dans le Land de
Niedersachsen il y a quelques jours, lançant à Peter Bleser « savez-vous
qu’il y a plus de Ministres de l’Agriculture Verts en Allemagne (au niveau des
16 Länder) que de Ministres de l’Agriculture CDU ? » ! Pour lui,
tant que les aides directes pèseront autant dans le revenu des agriculteurs (10
cents par litre de lait a-t-il dit), il n’est pas raisonnable de se faire
l’avocat de leur capacité à se développer grâce aux marchés internationaux. Il
a conclu en s’étonnant, dans ces conditions, de l’importance des
investissements, réalisés récemment et prévus, dans des installations de
séchage en Allemagne et en Europe …
LES RENDEZ-VOUS DU MIV (21 & 22.01.2013)
Le Dîner de Gala du MIV dans le cadre du MilchMontag (Lundi
laitier) a, cette année encore, rencontré un grand succès, de même que
« l’Atelier » du lendemain matin qui avait pour thème « Comment
achètera-t-on le lait matière première après 2015 ? » …
DÎNER DE GALA DU MIV (21.01.2013)
Dans leurs brèves
allocutions de bienvenue au Dîner de Gala les présidents du MIV (Karl-Heinz
Engel) et du DBV (Joachim Rukwied) ont essentiellement souligné les points
suivants :
Pour le Président du
MIV :
- globalement la
situation est bonne … quoique le résultat « surprenant » des
élections dans le Land de Niedersachsen fasse réfléchir à ce qui pourrait se passer
sur la scène politique allemande après les élections générales du 22 septembre
prochain, en particulier compte tenu des positions des Verts sur le dossier de
l’Agriculture en général, sur celui du secteur laitier en particulier
- l’année 2012, celle des
100 ans du MIV, aura néanmoins été une année difficile pour les producteurs du
fait de l’augmentation de plusieurs de leurs coûts de production : c’est
pourquoi il faut se féliciter de l’excellence des relations entre
producteurs-transformateurs et Pouvoirs Publics au niveau fédéral
- 2013 et 2014
s’annoncent bien du côté des marchés … « sauf évènement imprévisible
à ce stade ». Les prix des produits laitiers vont augmenter et la Laiterie
Allemagne s’est mise en situation de pouvoir profiter de l’augmentation de la
demande mondiale qui va se poursuivre
- le MIV est
foncièrement opposé à la mise en œuvre d’une « maîtrise de la production
soft » telle que préconisée dans le « Projet Dantin » au
Parlement Européen.
Pour le Président du
DBV :
- les producteurs se
félicitent d’entendre le MIV parler d’augmentation des volumes d’une part,
d’augmentation des prix d’autre part et aussi de ce que l’on saisisse
cette formidable plate-forme de communication qu’est la Semaine Verte pour
stimuler un tel « optimisme de filière » qui contribuera à permettre
à la Laiterie Allemagne « de rester numéro un en Europe »
- après de longues et
parfois difficiles discussions internes la filière s’est clairement mise en
route vers « le marché, la liberté d’entreprendre, le développement de
l’exportation hors UE » et le DBV, comme le MIV, est totalement opposé à
ce que l’on remette une dose de maîtrise de la production dans le dispositif à
venir. Il faudra se montrer extrêmement vigilant au niveau européen dans le
cadre des difficiles tractations Commission-Conseil-Parlement et, le cas
échéant, au niveau de l’Allemagne politique d’après le 22 septembre prochain …
Quant au Secrétaire
d’Etat à l’Agriculture Peter Bleser, après s’être félicité de ce que venaient
de dire les deux Dirigeants Professionnels, il a souligné que l’attitude
nouvelle des Responsables Economiques en poste dans les Ambassades d’Allemagne
de part le monde -auxquels on a fait prendre conscience de ce que l’agriculture
allemande en général, le secteur laitier allemand en particulier vont rester
durablement exportateurs- gagnerait à être renforcée par une coordination des
efforts de promotion des Länder.
ATELIER MIV DE
PRESENTATION ET DE DEBATS SUR LE THEME « COMMENT ACHETERA-T-ON LE LAIT
MATIERE PREMIERE APRES 2015 ? » (22.01.2013)
Cet Atelier (Workshop)
dont c’était la 8ème édition a un caractère bien particulier puisqu’il
y est demandé à quelques personnalités de présenter en 5 à 7 minutes leur point
de vue sur un thème déterminé, présentations suivies de plus de deux heures de
questions-réponses et débats, tant entre les intervenants eux-mêmes qu’entre
ceux-ci et la Salle (entreprises adhérentes au MIV, syndicalisme agricole,
responsables politiques, journalistes, etc …). Animé par un journaliste (cette
année Ansgar Leifher de Top Agrar) cette manifestation n’a pas vocation à
dégager des positions ou des consensus, elle sert à « lancer le débat pour
l’année à venir » !
Cette année les
intervenants furent :
Udo Folgart (DBV)
Steffen Lange
(Sachsenmilch / Groupe Müller)
Holger Thiele
(Professeur / Institut de Recherche de Kiel)
Markus Seemüller (Bayern MEG)
Sönke Voss (DMK)
On retiendra
globalement que pour les professionnels allemands la fin des quotas en 2015 ne
changera pas les façons dont sont déjà organisées les relations entre
producteurs et transformateurs en matière de vente/achat de lait matière
première. Des entreprises comme Zott ou Bergader ont déjà signé il y a
plusieurs années avec leurs producteurs et groupements de producteurs des
contrats dont l’échéance est au-delà de 2015. Dans la réalité a-t-il été
souligné à plusieurs reprises, l’Allemagne laitière évolue déjà sans quotas
tant le prix de ceux-ci est, à présent, bas, de 3 à 5 cents/litre.
Le Professeur Thiele et
l’Institut de Kiel ont développé une
méthodologie d’indexation pouvant offrir, en particulier aux groupements de
producteurs, une base de travail. En Allemagne la progression annuelle de la
production devrait être de l’ordre de 1 à 2% et se concentrer dans les régions
herbagères où des progressions sensiblement plus importantes devraient
localement être enregistrées. Les facteurs restrictifs sont et seront
principalement : la rareté (et le prix qu’elle induit !) de la terre,
la concurrence des utilisations non-alimentaires, un certain nombre de
paramètres environnementaux, l’importance des capitaux à mettre en œuvre. Des
enquêtes menées par l’Institut de Kiel il ressort, d’une part, que les
producteurs souhaiteraient connaître plus tôt le prix qu’on va leur
payer (même si dans les faits cela ne changerait pas grand-chose, la dimension
psychologique est jugée importante) et, d’autre part, que l’orientation des
prix payés par les transformateurs continuera à « se faire essentiellement
par rapport à ce que fait (font) le (les) voisin(s) ».
Pour Sönke Voss, le
Dirigeant de DMK, l’après-2015 est déjà là ! Le Groupe collecte 6 milliards
de litres en Allemagne, dont 10% auprès de producteurs qui ne sont pas membres
de DMK. Parmi ses 10.000 producteurs, la production va de moins de 100.000 litres à
plus de 10 millions de litres/producteur. Ces 10.000 producteurs sont
propriétaires d’une vingtaine d’outils modernes de transformation, de marques
fortes, de politiques de développement, … Le Groupe est flexible et ne prévoit
pas de problèmes (nouveaux) du fait de la disparition officielle des quotas.
2013 va être l’année de l’intensification de la communication entre le Groupe
et ses 10.000 producteurs. Via une plate-forme Internet en voie d’achèvement,
il est demandé aux producteurs de
communiquer à l’entreprise leurs prévisions de production (mensuelles pour
l’année à venir, trimestrielles pour l’année suivante, annuelles pour la
troisième année). Répondant à une question il a précisé que ce dispositif de
communication n’est pas le prélude à l’introduction d’un dispositif de
bonus-malus en cas de non-respect, dans un sens ou dans un autre, de la
production qui était annoncée. Pour les années qui viennent, le Groupe s’attend
à une augmentation annuelle de sa collecte de l’ordre de 1.5%.
Le Vice-Président du
DBV, Udo Folgart, a une nouvelle fois souligné l’opposition totale et
fondamentale de son organisation à l’introduction d’une maitrise de la
production soft (Dantin) et regrette que certains, y compris parmi les
producteurs, en France en particulier, « envisagent l’avenir en regardant
dans le rétroviseur », ce qui va générer débats et discussions, donc
temps et énergie perdus alors que la filière européenne serait bien inspirée de
les utiliser pour parfaire son adaptation à la réalité internationale
d’aujourd’hui . Pour le DBV le lait allemand et européen a de l’avenir,
tant dans le cadre d’exploitations familiales que d’entreprises produisant 10
ou 20 millions de litres, voire plus. Il s’est félicité de ce que si l’Allemagne,
il y a quelques années, lorsqu’elle produisait 28 millions de tonnes en exportait 10 et en importait autant, maintenant
qu’elle en produit plus de 30 son solde laitier extérieur soit devenu positif
de 4 millions de tonnes. Dans l’après-quota les coopératives (plus de 70% de la
collecte allemande) n’ont rien à changer, du moins pour les producteurs qui en
sont membres. Pour leurs achats à des groupements ou à des producteurs
individuels (qui ne veulent pas devenir membres de la coopérative) ainsi que
pour les entreprises privées il faudra sans doute, à la marge, instaurer un peu
plus de prévisibilité de part et d’autre.
Steffen Lange a rappelé
quelques données concernant le Groupe Müller : celui-ci collecte en Europe
4.4 milliards de litres dont 2 en Allemagne, 2 au Royaume-Uni, 400.000 litres en
République tchèque. Pour l’essentiel il s’agit d’achats à des groupements de
producteurs dont la taille varie entre 20 et 250 millions de litres. S’y
ajoutent à présent des achats directs auprès de producteurs en Pologne. Dans sa
gestion économique de la matière première lait le Groupe Müller considère que
la saisonnalité de la production constitue le problème majeur. Le Groupe a
développé, à partir de données de marché et de cotations, une formule
d’indexation qui s’applique à tous : groupements de producteurs et
producteurs individuels. Le Groupe n’a pas vocation de payer partout le même
prix aux producteurs et ne le fait d’ailleurs pas. Par contre il constate que
souvent, dans les régions où il est présent, « les autres laiteries s’alignent »
…
L’intervention la plus
attendue, et elle n’a pas déçu, fut celle de Markus Seemüller, le Dirigeant de
Bayern MEG, une structure créée en 2006 pour fédérer (mais non pas fusionner)
en Bavière les groupements de producteurs (qui y existent depuis une
quarantaine d’années) dans leur relation avec les transformateurs et autres
acheteurs de lait matière première. Cette structure en fédère actuellement plus
de 80 (dont 5 hors de Bavière dans les Länder de Baden-Württemberg et de
Hessen) et pèse près de 2 milliards de litres de lait. Il s’est réjoui d’être
invité par le MIV qui, pensait-il jusqu’à présent, le considérait plutôt comme
« l’ennemi public n°1 » alors qu’il travaille, a-t-il ajouté, à créer
des relations durables entre producteurs et transformateurs « en leur
permettant de négocier les yeux dans les yeux ». Bayern MEG est « en
contact permanent » avec le BundesKartellAmt (Office des Cartels) et prend
évidemment en compte, dans ses activités, la situation de marché et celle de la
relation offre-demande du moment, mais son activité propre concerne
spécifiquement la concurrence entre opérateurs du secteur : « Bayern
MEG existe pour limiter la concurrence entre producteurs de lait et augmenter
celle entre acheteurs de lait ». La structure coordonne la vente de lait
matière première et signe des contrats pour ses membres. Son Conseil est
actuellement composé de 26 membres (issus de groupements/coopératives de
collecte de plus de 30 millions de litres) et fait puissamment circuler
l’information, dans les deux sens, via les réseaux locaux des structures
membres. Répondant à une question, il a précisé que les O.P. membres de MEG
n’ont pas toutes le même prix, mais que par contre toutes les O.P. livrant à un
même transformateur ont le même prix. L’objectif reste toujours que le lait
aille aux outils de transformation les plus proches … mais cela n’est pas
toujours possible. Mais dans ce domaine Bayern MEG n’a aucun complexe car elle
sait combien de lait est transporté et sur quelles distances à l’intérieur des
groupes de la transformation ou entre ceux-ci … Confirmant la création, à
Berlin, ce mercredi 23.01.2013 d’une MEG Nord, il a conseillé aux
transformateurs du nord de l’Allemagne de s’entretenir avec leurs collègues du
sud « afin de se faire expliquer les bienfaits d’une relation où l’on
négocie à hauteur d’yeux ! ». De ce fait, le rôle de
« conseiller » qu’avait Bayern MEG auprès de groupements de
producteurs dans le Land de Niedersachsen (Lüneburg) prend fin et ces deux MEG seront
indépendantes l’une de l’autre.
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